On vous donne la parole (1)
Nouvelle rubrique : « On vous donne la parole » (1)
Soyons clairs : les cheminots et consorts, en faisant grève, emmerdent l'immense majorité des Français. Mais ils rendent surtout un sacré service au pouvoir en place. Grâce à eux, il est devenu absolument indécent de poser une question cruciale : qui est privilégié en France ?
Les grèves actuelles semblent accréditer l'idée que le privilège, c'est un contrat de travail spécifique, un statut procurant une protection particulière, une garantie d'emploi, de bonnes conditions d'accès à
Je sais, le terme fait vieille gauche rouge, mais il a un sens.
Petite définition
Car un privilégié, si l'on cherche une définition, c'est justement celui dont les revenus et le rang social sont sans commune mesure avec son travail, ses compétences ou son utilité sociale. C'est quelqu'un qui a le bonheur de gagner dix mille euros en déplaçant une épingle, alors que d'autres, pour déplacer une tonne, en gagneraient cinquante.
C'est le dentiste qui, travaillant trois jours par semaine, revend impunément une prothèse douze fois le prix qu'il l'a payée au prothésiste (il « a des frais »), en aggravant au passage la note pour une mutuelle, et se demande ensuite s'il rachète une deuxième grosse BMW ou s'il prend l'option « cris de bêtes d'Afrique » dans son 4x4. Allez donc, après ça, chicaner à un cheminot une prime pour travail la nuit de Noël...
C'est le cadre très supérieur qui, comme plus d'un tiers des zozos de ce calibre, n'est à la tête de revenus annuels proches du demi-million d'euros, que par héritage (l'héritage de situation, disent toutes les études, est un facteur de recrutement supérieur à tous les MBA en France : regardez les noms des intéressés, feuilletez l'annuaire du MEDEF, on se croirait au Bal des Débutantes ou entre deux pages du Who's who). Allez donc reprocher aux enfants de cheminots d'avoir pu, pendant des années, bénéficier de conditions facilités de recrutement.
Le privilégié, c'est celui dont l'argent a si peu d'odeur qu'il peut l'entasser sans craindre le fisc, en accumulant les SCI à but lucratif, les studios en cours de paiement, les investissements sous les tropiques, les sociétés bidons aux soldes d'exercices perpétuellement négatifs. Allez donc froncer le sourcil sur les fiches de paie des conducteurs de train.
Nous marchons sur
Les jouisseurs de richesse
Cet été, je regardais le port de plaisance de
Je repose la question : qui achète ces trucs ? Eh bien, je suis allé questionner un marchand. Figurez-vous que ce marché roule sur les professions libérales (pas mal d'avocats et de notaires, tous les radiologues, beaucoup de médecins : il était temps que l'on augmente leur consultation de 10%), sur les gros commerçants (on sait que ce sont des damnés de la terre, voués à des retraites pitoyables), des « entrepreneurs » (de construction) et sur des « gens de l'immobilier ». Plus une faune indéfinissable de gens qui « ont les moyens », que ce soit parce qu'ils vendent de l'andouille en gros, parce qu'ils exploitent un domaine viticole hérité, parce qu'ils ont des parts dans une société. Bref, moins ils travaillent, plus ils empochent. Je ne ris pas et je te mets au défi, toi qui me lis en me traitant de vieux bolchevik, de prouver le contraire. Mieux : budget de la santé, hausse des prix, gouffre des investissements publics, crise du logement, abus de biens sociaux et tyrannie des bénéfices financiers, mettez les maux dont nous souffrons en relation avec les sources de revenu de ces bienheureux. Ils se disent, pour certains, « créateurs de richesse ». C'est faux : ils jouissent de la richesse qu'on crée pour eux. Nous sommes au-delà de la rétribution, et même du profit légitime : sachez-le, notre pays a un cancer, c'est cette inégalité des destins, et il y a là une bombe.
Le bateau de
Alors on comprend que cela vaut le coup, pour les défenseurs de
Le malheur, c'est qu'on se vautre dans les rituels d'une grève poisseuse, avec ses « otages » et ses « galères », avec ses micro-trottoirs et ses micros-quais pleins de haine ou de résignation : pas un mot, dans le commentaire journalistique, pour situer la vie des privilégiés de
Un marseillais anonyme.
Soyons clair nous aussi. Nous n’avons jamais dit que les fonctionnaires, et notamment ceux de la SNCF, RATP, etc... sont des privilégiés. Nous aussi, nous dénonçons les « vrais » privilégiés, et c’est pour cette raison que nous publions ce courriel.
Mais il n’empêche qu’il existe bien à la SNCF, RATP, etc... un véritable repaire de saboteurs communistes et là-aussi, c’est quelque chose qui se transmet en héritage de générations en générations depuis la guerre d’Espagne et le convoyage en wagons plombés de Dunkerque à Barcelone du matériel militaire soviétique, en passant par la priorité donné aux réfugiés sur les troupes et le matériel de renfort pour le front en mai-juin 40 et la livraison de ce même matériel aux allemands ensuite (pacte germano-soviétique oblige).
Certes, le sabotage fut au profit de la Résistance à partir de juin 41, mais il recommença en 1947 pour s’opposer au plan Marshall, à la guerre d’Indochine, d’Algérie, etc...
Depuis, il se confond avec les luttes syndicales et la surenchère entre trotskystes et staliniens.
Dans cette politique spécifique de guerre civile des communistes, il n’est nulle question d’y voir des privilégiés, discours caractéristique de nos ennemis communs de la droite libérale.
Même le FN tombe dans le panneau !