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le blog poilagratter

Le drame de l'Afrique

13 Novembre 2008 , Rédigé par momo Publié dans #Histoire

Le drame de l'Afrique

Avec la résurgence des guerres endémiques qui frappe l’Afrique centrale et orientale, il nous est apparu nécessaire de republier ce texte du MP1PM manifestement toujours d’actualité.

Certains continents ont connus la révolution néolithique agricole (Europe : blé, orge, seigle ; Asie : riz, blé ; Amérique précolombienne : maïs, pomme de terre, haricot, tomate), d’autre non, comme l’Afrique (sauf l’Egypte) et l’Océanie.
         Pour l’Afrique sub-saharienne, c’est même un drame car elle ne l’a toujours pas encore connue à l’heure actuelle.
         Il faut savoir que l’agriculture est énormément plus rentable et plus productive que l’élevage.
         A titre d’exemple, un jardin de 100m2 mis en culture intensive fournis 80 % du repas du soir en été et 20 % en hiver d’un couple de 2 personnes ; mais ce même terrain en herbage serait bien insuffisant pour nourrir ne serait-ce qu’une seule chèvre.
         Un rapport de la FAO (Food and Alimentation Organisation) l’organisme de l’ONU dont le siège est à Rome nous révèle ainsi alors que les superficies en terres arables de l’Afrique et de l’Asie sont à peu près identiques, que la population de l’Asie est environ 10 fois plus importante que celle de l’Afrique ; l’Asie est autosuffisante à 98 % alors que l’Afrique ne l’est qu’à... 13 %.
         Alors que les meilleures terres en Europe, Asie, Amérique sont réservées à l’agriculture et les moins bonnes, à l’élevage ; pour ne pas avoir connu cette révolution agricole, en Afrique c’est l’inverse ; on pratique l’élevage en plaine et sur les plateaux et l’agriculture au Sahel.

        En Afrique, l’éleveur nomade est considéré comme un homme libre ; alors que l’agriculteur sédentaire, parce que rivé à sa terre, est considéré comme un esclave.
        Mais pourquoi n’en est-il pas de même en Europe, Asie et Amérique ?
Parce qu’un des aspects essentiels qui a rendu la Révolution agricole Néolithique possible est la religion. Religions païennes bien sur, qui à partir de l’astronomie a imposé l’agriculture.
         1°) Parce que l’astronomie a permis de créer le calendrier nécessaire à la fixation des dates des semailles et des récoltes.
          2°) Parce que les dieux de l’astronomie (que l’on retrouvent dans les constellations) ont remplacé les dieux des chasseurs-cueilleurs grâce à la prospérité qu’apportait l’agriculture sur l’aléatoire des ressources de la chasse et de la cueillette.
         3°) En retour, la religion des agriculteurs a permis d’imposer certains outils comme la roue (la svastika est l’une de ces formes). La roue va rendre la charrue plus efficace. Elle va aussi permettre un accroissement des transports, du commerce et des échanges. Plus tard, on la retrouve sur le char de guerre et la religion fait remarquée l’ambivalence des choses, des outils : le Yin et le Yang, l’outil constructeur qui peut devenir l’arme destructrice. Ainsi aussi la double hache des minoens.
           Mais la roue a du être précédée de l’animal de trait. Mais ils proviennent tous de l’élevage et ce n’est que dans les civilisations à religions néolithiques, où les agriculteurs sont dominants que nous verrons cela. En Afrique, où l’éleveur domine, pas d’animal de trait disponible pour le malheureux agriculteur… et pas de roue. C’est à la houe qu’il doit travailler la terre, avec le maigre rendement que cela implique.
           Lorsque les européens sont arrivés en Afrique, ils ont trouvés des tribus d’agriculteurs animistes (païens) dominés et razziés par les tribus d’éleveurs nomades musulmans.          

D’ailleurs les premières interventions colonialistes sont à l’instigation des missionnaires afin de supprimer l’esclavage.
(Rappelons que les européens ont eux aussi pratiqué l’esclavage, le « trafic triangulaire » ; mais en 1848 les européens l’abolissent et hypocritement le reproche aux arabes moins d’une décennie plus tard)
Les missionnaires sont vite suivis des commerçants et des militaires.
           Bien entendu, après avoir « libéré » l’Afrique de la calamité de l’esclavage, ils transformèrent les anciens esclaves en sous-prolétariat et soumirent les tribus nomades musulmanes.
          Une administration locale apparue, appelée à prendre le pouvoir à l’Indépendance, basée sur les tribus d’agriculteurs sédentaires animistes ou devenus chrétiens.
           Et c’est là que le drame de l’Afrique s’enclencha. Ce qui aurait pu être l’occasion pour l’Afrique d’effectuer sa Révolution néolithique ne se fit pas. Les agriculteurs devenus dominant durent abandonnés leurs cultures vivrières pour les cultures d’exportations (cacao, café, caoutchouc, etc.) exigées par la métropole.
           A l’Indépendance, le néo-colonialisme fit que rien ne changea au début, mais très vite les anciennes tribus d’éleveurs nomades formèrent des « Fronts de Libération » avec l’aide de l’URSS de Khrouchtchev dans le cadre de sa politique tiers-mondiste appuyé par la déclaration qu’il n’y a pas d’incompatibilité entre l’Islam et le marxisme-léninisme (les populations musulmanes de l’Asie centrale soviétique ayant connues les rigueurs de la lutte contre l’ « opium du peuple » du temps de Staline apprécieront) (c’est toujours manifestement ce dogme qui est en vigueur actuellement au PCF, mais cette fois-ci au nom de l’anti-lepénisme)
           Cette déclaration a été confortée par les exégètes marxistes qui ont fait remarquer que les troupeaux des nomades sont en propriété collective alors que les terrains des agriculteurs sont en propriété privée.
            Peu à peu les « mouvement de libération » se retrouvent au pouvoir et l’échec économique du marxisme joint à la disparition de l’URSS amène le retour le l’Islam avec l’islamisme politique comme facteur de domination des éleveurs nomades sur les agriculteurs sédentaires.

            De jeunes intellectuels africains ont bien essayé de trouver une solution et de provoquer cette révolution agricole. Par exemple, faire passer progressivement les populations de l’élevage nomade vers l’agriculture par l’intermédiaire de l’élevage sédentaire. Ce dernier est composé par la volaille, élevage d’appoint, mais surtout le porc. Malheureusement, l’Afrique n’a vraiment pas de chance ! L’Islam interdit le porc ; et l’Histoire nous apprends justement l’importance qu’a eu cet animal au Mésolithique lors de la transition élevage-agriculture vers le Néolithique.
           Certaines populations, comme chez les slaves (et dans une moindre mesure germains et celtes) où la terre est pauvre en agriculture ont conservé le porc comme nourriture principale (il est intéressant de noter que les juifs de Russie mangent du porc, sinon ils seraient morts de faim et ce sont ces juifs qui ont ouverts les premières charcuteries en Israël)

          Bob Geldorf, Axelle Red et Bono peuvent certes nous émouvoir et nous arracher des larmes en nous montrant des petits noirs squelettiques et sous-alimentés, et cela est effectivement déchirant, mais l'aide qui en est la conséquence ne sert à rien si :
          1°) L'Afrique ne fait pas sa révolution agricole sinon l'aide devra devenir permanente.
La FAO elle-même reconnaît en outre le caractère vicieux de l'aide alimentaire "gratuite" qui ruine par sa déloyale concurrence le paysan local, abandonne son champ et va grossir la population des bidonvilles et des candidats à l'émigration.
           2°) Les religions qui s'opposent au Planning Familial ne sont pas abattues, ou à tout le moins voient leurs influences réduites comme cela a été le cas dans les pays développés et plus récemment la Chine. Le cas de ce dernier pays est tout à fait remarquable car les dirigeants chinois ont enfin compris qu'il n'y aurait jamais de développement si le pays doit traîner ce boulet d'une démographie exponentielle, même avec une agriculture performante. Alors imaginez le cas dramatique du Nigeria, qui atteint 200 millions d'habitants, majoritairement éleveurs. (L'argent du pétrole sert à l'achat d'armes nécessaires à une armée importante qui fournit d'important contingent à l'ONU et veut s'arroger en puissance régionale.)

            Autre aspects de la Révolution Néolithique, de l'agriculture et de la sédentarisation qui en est la conséquence, la formation de villes.
            D'abord foire commerciale pour échanger les produits de la terre, s'instaure la fameuse division du travail (mais dans une population toujours sans classes dominantes) et la formation d'un artisanat pour la fourniture d'un outillage toujours plus perfectionné, de la fabrication d'habitations toujours plus confortables, des meubles, des vêtements, etc...
Après l'apparition des classes dominantes, l'artisanat deviendra industrie.
            Dans le cas de l'Afrique, à l'exception des cités de Tombouctou (Niger) et de Monomotapa (Mozambique) crée en fonction du commerce avec les Arabes (principalement des esclaves), on ne trouve aucunes villes à l'arrivée des européens.
Celles qui sont créées, et qui sont toujours aujourd'hui les principales, sont les ports qui des anciens comptoirs côtiers portugais, hollandais puis français, anglais et enfin allemands et italiens.
            Toutes les capitales des états devenus indépendants sont donc des ports, tournés vers le commerce (café, cacao, caoutchouc, minerais, etc...) avec l'ancienne métropole principalement et c'est là que l'on trouve, outre l'administration centrale, un embryon d'industrie. Ce n'est pas un hasard si les pays les plus pauvres, sont justement ceux qui n'ont pas d'accès à la mer (Mali, Niger, Tchad, etc...).
            Pas de révolution agricole, pas de villes de foire pour la redistribution des richesses. Le pouvoir va essayer d'installer la capitale à l'intérieur des terres suivant en cela l’exemple du Brésil qui a remplacé Rio de Janeiro par Brasilia (Yaoundé remplace Douala au Cameroun, Yamoussoukro remplace Abidjan en Côte d'Ivoire, etc...), mais l'industrie ne suit pas, l'administration se coupe des forces vives, la capitale devient le terrain des luttes entre agriculteurs et éleveurs, chrétiens-animistes et musulmans, libéraux et marxistes... et on débouche sur la guerre civile ivoirienne. On a les même processus au Rwanda, Soudan, etc... à quelques variantes près.
            La guerre, les pillages, viols, déportations, exils de réfugiés, frappent surtout les agriculteurs qui ne peuvent emportés leurs champs avec eux contrairement aux éleveurs qui emmènent leur bétail.
            Tout cela empêche et retarde la Révolution Néolithique.
           On pourrait continuer longtemps encore la liste des calamités qui se sont abattues et continuent de s'abattre sur ce malheureux continent. Mais tel n'est pas l'objet de cet article qui a surtout pour objet de dénoncer ce qui empêche l'Afrique de s'en sortir et qui sont les mêmes maux qui frappent le prolétariat dans nos contrées depuis la Révolution Industrielle :
            1°) L'hypocrisie bourgeoise (coloniale puis néo-coloniale) qu'elle se drape dans la défense de la démocratie (du libéralisme) ou qu'elle use de la dictature, du militarisme, du fascisme face au marxisme.
En règle générale, la réponse bourgeoise au marxisme fut la dictature et devant la menace islamiste grandissante, la réponse se veut la démocratie. Mais comme on le voit en Côte d'Ivoire avec le "démocrate" Gbagbo, il n'y pas grande différence entre démocratie et dictature. (comme l'Afrique reproduit et caricature nos Systèmes, elle nous montre par là même que notre démocratie n'est, ce nous autres savons, qu'une dictature déguisée)
            2°) Les pestes religieuses qui empêchent le Planning Familial.
            3°) La peste stalinienne et encore une des pestes religieuses, l'Islam en l'occurrence, qui s'oppose à la Révolution agricole. Là où des fermes collectives seront créées, se seront en fait des goulags.
              Pour finir, rappelons qu'Axelle Red nous a avoué avoir eu bien peur en Afrique. A un moment, elle s'est retrouvée entourée de menaçantes Kalachnikov, "Qu'est-ce que tu viens faire ici ? De quoi te mêles-tu ? Retournes chez toi ! Occupe toi de tes oignons ! Tu veux être l'Ingrid Bétancourt (otage) de l'Afrique ! etc..."
              Eh oui, l'aide alimentaire est perçue par les anciens agriculteurs qu'elle a ruinée et qui se sont engagés dans l'Armée pour fuir la misère autant que pour combattre les Milices islamistes, comme une nouvelle forme de... néo-colonialisme et les donneurs de leçons de morale blanc au discours simpliste sont perçus comme ... ils le méritent. (et encore pire par les Milices)

Dernières nouvelles :
           Nous venons d'avoir communication comme tout un chacun, par la presse, des dernières prospectives en matière de démographie pour 2050. Elles estiment que la population mondiale sera de 9 à 12 milliards d'habitants.
           La répartition serait la suivante :
· Asie : 58 %
· Afrique : 22 %
· Amérique du Sud : 8 %
· Europe : 5 %
· Amérique du Nord : 4 %
· Reste du Monde : 3 %
            En Asie, la Chine repassera sous la barre du milliard, par contre l'Inde fera le chemin exactement inverse. Si l'on rajoute le Pakistan, le Bangladesh et le Sri Lanka, les "Indes" vont plus que doubler la Chine. Les dernières famines en Inde ont eu lieu en 1866 (Orissa), 1869 (Rajputana), 1876-78 (Madras et Bombay), 1899-00 (Provinces centrales et Unies), 1943. Il n'y en a pas eu depuis. Il y a malheureusement de fortes chances pour voir cette calamité réapparaître.
            La comparaison entre le chiffre de l'Amérique du Sud et celui de l'Afrique corrobore notre analyse. Bien qu'il faut corriger ces chiffres (l'Amérique du Sud n'est pas toute l'Amérique latine et l'Afrique comprend le Maghreb et le Maqresh), on constate que l'Afrique sera 3 fois plus peuplée que l'Amérique du Sud alors que :
          1. L'Amérique du Sud a fait sa Révolution Néolithique agricole et pas l'Afrique (et que tout laisse à penser que ce ne sera pas pour demain).
          2. Bien qu'en Amérique du Sud demeurent (et vont probablement demeurer) les problèmes liés à l'inégalité du partage des terres ; où une petite minorité possède la majorité des terres, ce qui oblige les pauvres à aller déboiser l'Amazonie (ce qui n'empêche pas les riches d'aller aussi y prendre leur part). Et cela ne suffit pas à donner de la terre à tous ; alors inutile de dire l'énormité de la catastrophe qui est en train de tomber sur le dos de l'Afrique.
          Ce que dénonce le Live 8 nous apparaît à la lumière de ces chiffres, comme n'étant qu'un commencement, du pipi de chat par rapport à ce qui risque fort de survenir si l'on continu de refuser de nous écouter et de nous prendre au sérieux.

 

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