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le blog poilagratter

La conquête de l’Espace (11)

11 Septembre 2012 , Rédigé par momo Publié dans #Conquête de l'Espace

La conquête de l’Espace (11)

 

 

 

Les pionniers : 1ères fusées (9)

 

1948 :

 

Avec 1948, la course à l’Espace commence avec le 1er tir soviétique. Au total 1948 enregistre 26 tirs dont 9 soviétiques.

Ces derniers, après bien des déboires : libération des camps de Glouchko et Korolev, ce dernier très affaibli et qui n’a survécu qu’à un fil, déception de ne rien trouver ou presque à Peenemünde et à Nordhausen ; n’ont capturés que des savants allemands de 2ème catégorie comme Helmut Gröttrup. Initialement, les savants russes s’installent avec les allemands en Allemagne sous l’égide du NI-88 ; puis lors d’une opération surprise, tout ce beau monde est quasiment redéporté dans l’Oural en plein hiver 1946/47 dans ce qui sera la 1ère base spatiale soviétique : Kapustin Yar (http://en.wikipedia.org/wiki/Kapustin_Yar).

ky990515.jpg

Carte de Kapustin Yar

 

C’est là que va être mise au point la R-1 (http://en.wikipedia.org/wiki/R-1), une copie pure et simple de la V 2, dont le moteur RD-100 créé par Glouchko est aussi une pure copie de celui de la V 2.

Malgré tout, cela reste un exploit en regard de tout ce qui précède et ne manquera pas de surprendre les USA qui ne s’attendaient pas à voir les soviétiques les talonner d’aussi près. La R-1, recevra de l’OTAN l’appellation de SS-1 Scunner dans son application militaire.

 

En effet, les USA comptent sur leurs V 2 dotés d’une charge nucléaire pour stopper les masses de blindés 10 fois plus nombreuses des russes en cas d’attaque de ces derniers en Europe.

Ils ont même développer des missiles (pour le moment, vu la courte portée, il ne s’agit que de ce que l’on appellera ensuite des SRBM (Short Range Balistic Missile) utilisable sur le champ de bataille. Hors, le V2 a plutôt été conçu par les allemands comme MRBM (Medium Range Balistic Missile) utilisable dans une frappe stratégique anti-cité en arrière du champ de bataille où il est effectivement plus utilisable au vu de la complexité de sa mise en batterie et de son tir, dangereux pour son personnel s’il est trop près du champ de bataille. C’est pour cette raison que les USA ont mis au point le Corporal (http://en.wikipedia.org/w/index.php?title=MGM-5_Corporal), plus adapté comme SRBM. Mais comme ce dernier découle de la technologie V 2, c’est un pas que les russes peuvent donc aussi franchir. Heureusement, les soviétiques n’ont pas la bombe A (les américains ignorent que ce n’est plus pour très longtemps là-aussi).

C’est pourquoi, pour accroître leur avance, les USA vont lancer le projet Bumper (http://en.wikipedia.org/w/index.php?title=Bumper_%28rocket%29). C’est une V 2 comme 1er étage et une WAC Corporal (http://en.wikipedia.org/w/index.php?title=WAC_Corporal), une Corporal réduite et modifiée comme 2ème étage. Il s’agit d’un projet double civil et militaire. Militairement, on recherche un missile capable de frapper les sites de lancement de la R-1 grâce à une portée supérieure, l’équivalent de la contre-batterie en Artillerie. Civilement, il s’agit d’aller plus haut et d’envoyer une charge scientifique capable d’explorer la ionosphère où se trouve la fameuse couche d’ozone.

 

1948 marque vraiment dans la course à l’espace les débuts de la guerre froide entamée l’année précédente par la doctrine du « containement » du Président Truman en opposition aux tentatives de Staline de mettre la main sur la Grèce et d’obliger ce pays à rejoindre la vaste sphère d’Europe orientale des pays sous occupation soviétique. 1948, c’est aussi le blocus de Berlin.

 

r1tor5.jpg

Les 1ères fusées soviétiques. La R-1 est à gauche et l’on est immédiatement frappé par sa ressemblance avec la V 2 allemande ; la R-11 à droite sera connue et nommé SCUD A par l’OTAN. Elle est la 1ère d’une série qui aboutira aux fusées de Saddam Hussein en 1991. On parlera des autres ultérieurement.

 

Détails :

 

1948-1

1948-2.jpg1948-3.jpg

 

USA :

V 2 : 10 tirs depuis White Sands pad LC-33

                                           1 pour General Electric, les autres pour l’US Army

                                           9 dans le cadre du Projet Hermes

                                           1 dans le cadre de Blossom (envoi de specimen biologique dans l’Espace)

                                           2 échecs dont la mission Blossom

                                          

 

Aerobee : 3 tirs pour l’US Navy depuis White Sands pad LC-35 qui atteignent 113, 114 et 118 km soit le double du 1er tir. Un étonnant tir groupé d’une remarquable régularité et le début d’une longue et fructueuse carrière (1.037 tirs jusqu’en 1985). Aerobee n’a de plus pour ainsi dire jamais connu d’échec.

 

Bumper : 4 tirs dont seul le 1er est un ½ succès puisque l’altitude atteinte n’est que de 127 km soit moins (189 km) que l’altitude maximale atteinte par une V 2 seule.

 

URSS : 9 tirs tous de R-1, tous de Kapustin Yar, tous pour le NI-88 (l’OKB-1 (http://en.wikipedia.org/wiki/OKB-1#History), le bureau de Korolev indiqué par le tableau, ne deviendra autonome qu’en 1956). Seul le 1er tir est un échec, altitude maximale atteinte : 100 km.

 

Il faut rappeler pour expliquer les échecs de Bumper, que la séparation du 2ème étage se fait encore par commande du sol et en vue du blockhaus de lancement et si les récepteurs de la fusée sont en phase avec l’émetteur du sol (en vue, dans l’axe, sur la même longueur d’onde, etc…). Il faudra attendre longtemps et l’arrivée de l’électronique et même de l’informatique pour que cela puisse se faire automatiquement. En attendant, il faudra mettre au point des stations de poursuites pour le futur 3ème étage et l’injection en orbite non visibles depuis le sol. C’est pourquoi il faudra attendre 1957 et la création de ces technologies qui n’existaient pas pour le 1er satellite alors que pourtant les fusées qui le permettront existaient depuis le début des années 50 comme on le verra bientôt.

Les 1ères stations de poursuite vont utiliser les mêmes appareils que les 1ers radiotélescopes ; c'est-à-dire encore du matériel allemand de la 2ème Guerre Mondiale, en l’occurrence le radar de tracking Würzburg du système Himmelbelt (http://en.wikipedia.org/wiki/Kammhuber_Line). On peut aujourd’hui voir des Würzburg (http://en.wikipedia.org/wiki/W%C3%BCrzburg_radar) en France à Nançay en Sologne où ils sont en train de rouiller à côté du grand radiotélescope semi-mobile ainsi qu’à Douvres (14) où l’un d’entre-eux à été restauré et rapatrié sur son lieu d’origine en 1944 avant sa capture après le débarquement et où il fait aujourd’hui partie de la chaîne de Musées normands consacrés au 6/6/1944. C’est à partir de ce matériel improvisé à partir d’un matériel non conçu pour cela que va se développer cette technologie des stations de poursuites aussi lourde, coûteuse et complexe que les fusées elle-mêmes.

Pour en revenir à Bumper, il s’agit en fait déjà d’une fusée à 3 étages puisque la WAC Corporal est constituée d’un booster à poudre et d’un 2ème étage à ergols liquide stockables (non cryogéniques). On pensait avoir réglé le problème grâce au fait que l’étage liquide se met en marche automatiquement et éjecte le booster lorsque ce dernier s’arrête, nouveauté introduite dans la Corporal originale et qui n’est possible que si le 1er étage est à poudre à cette époque, la mise en marche du 2ème étage se faisant mécaniquement ; mais le problème principal viendra de l’allumage du booster justement, particulièrement violent et brutal sur une plate-forme instable, en vol et en altitude qu’est la V 2. En outre, la V 2 sera difficile à maintenir dans son axe de vol avec cette fusée longue et peu aérodynamique à la place de sa charge utile, cause principale des 1ers échecs.

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